COMMUNIQUE
Paris le 13 novembre 2018
3 ans après l’assaut du 48 rue de la République à St-Denis …
Point presse devant l’immeuble dimanche 18 nov. à 11h
L’association des victimes du 48 rue de la République, habitants délogés lors de l’assaut anti terroriste le 18 novembre 2015 à Saint-Denis, est presque venue à bout des blocages, des résistances et de l’indifférence de l’administration à leur égard, après 3 années de mobilisations (voir chronologie des actions ci-dessous).
Ainsi, l’association des victimes a obtenu le relogement en HLM de 30 familles ou célibataires, ainsi que la régularisation des habitants sans papiers, souvent exploités par des marchands de sommeil.
Mais la situation n’est pas totalement réglée, puisque parmi les 37 ménages (sur un total de 45) qui ont saisi l’Association DAL des victimes du 48 rue de la République, 7 personnes restent en attente de relogement : 3 sont toujours à l’hôtel et attendent une proposition de relogement, et 4 personnes sont dans un hébergement de stabilisation.
En ce qui concerne l’indemnisation des victimes, le ministère de la Justice refuse toujours de les reconnaître comme victimes du terrorisme, malgré l’évidence, puisque l’assaut policier a été donné afin de neutraliser les terroristes des attentats du 15 novembre cachés dans leur immeuble. Toutefois, des indemnisations ont été versées au titre des préjudices matériels, physiques et psychologiques.
Pour rappel, les sinistrés du 48 rue de la République, qui ont refusé d’être dispersés au 4 coins de l’Ile-de-France lorsqu’ils devaient quitter le gymnase en novembre 2015, avaient alors contraint les pouvoirs publics à les héberger à Saint-Denis, puis à prendre progressivement des engagements.
Ce n’est qu’en restant unis tout au long de ces trois années qu’ils ont finalement obtenu gain de cause, et continueront le combat jusqu’au dernier relogement.
Hommage aux victimes des attentats et soutien au sinistrés de la rue d’Aubagne :
A l’occasion de ce point presse, les sinistrés rendront hommage aux victimes des attentats de 2015, mais aussi à celles du 65 et du 63 rue d’Aubagne à Marseille, mortes à la suite de l’effondrement de leurs immeubles, conséquence de l’incurie de la municipalité.
L’association et le DAL exigent le relogement des sinistrés de la rue d’Aubagne, saluent le collectif de soutien et encourage les victimes à s’unir pour faire valoir leurs droits et obtenir justice et vérité.
Un toit c’est un droit !
Chronologie 18 novembre 2015 – 18 novembre 2018:
3 ans de lutte de l’Association DAL des victimes du 48 rue de la République – St-Denis
Du 18 au 26 novembre 2015 : suite à l’assaut anti-terroriste, l’immeuble est rendu inhabitable, les habitant-e-s du 48 rue de la République/Corbillon sont évacués et hébergés dans le gymnase Maurice Baquet à St-Denis. Très vite, ils s’organisent avec le DAL et décident de ne pas quitter le gymnase tant qu’un engagement de relogement n’est pas pris pour tou-te-s par les pouvoirs publics avec, en attendant, un hébergement stable à St-Denis.
Le 25 novembre 2015 : engagement de relogement obtenu. Mme PINEL alors ministre du Logement déclare à l’assemblée nationale « L’Etat mobilise l’ensemble des partenaires du logement social. (…) Il mobilisera son propre contingent afin de reloger au plus vite les familles concernées »
http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2015-2016/20160065.asp
Le 26 novembre 2015 : des hébergements stables sont finalement proposés aux 45 ménages, à St-Denis en attendant le relogement. Les habitants décident de quitter le gymnase.
Le 29 novembre 2015 : la majorité des habitants se réunit à l’hôtel Métallurgie à la Plaine St Denis et crée, lors de cette AG constitutive, l’association DAL des victimes du 48 rue de la République. Des délégué-e-s sont nommés pour représenter le collectif ; Les revendications sont posées : pour tou-te-s : le relogement pérenne, et en attendant un hébergement stable, la régularisation des sans-papiers, la reconnaissance du statut de victimes du terrorisme avec réparation.
Le 4 décembre 2015 : première manifestation des habitant-e-s avec leurs soutiens devant la Mairie et devant la sous-préfecture pour obtenir un rendez-vous et faire valoir leurs revendications. Premiers rendez-vous avec la municipalité obtenus.
Le 19 décembre 2015 : rassemblement des habitant-e-s devant le quai d’Orsay pour demander à rencontrer la cellule interministérielle de l’aide aux victimes. Fin de non-recevoir transmise par les autorités.
Le 18 janvier 2016 : manifestation et conférence de presse à St-Denis devant l’immeuble. A la suite de quoi les représentant-e-s et les militant-e-s du DAL sont reçu-e-s pour la première fois en Préfecture de Seine-St-Denis par la nouvelle Préfète à l’Egalité des chances qui vient d’être nommée. La préfecture annonce à ce moment-là la poursuite des relogements mais pas de régularisation collective pour les habitants sans-papiers.
Le 18 février 2016 : les habitant-e-s et le DAL se déplacent au tout récent Secrétariat d’Etat de l’Aide aux Victimes (SEAV). Une délégation est reçue par la ministre Mme MEADEL qui annonce que le statut de victimes du terrorisme n’a pas été retenu pour les habitants du 48 rue de la République. Le SEAV affirme son intention d’articuler la réponse des pouvoirs publics en terme d’accès aux droits.
Le 18 mars 2016 : rassemblement des habitants et de leurs soutiens devant le ministère de la Justice place Vendôme. Une délégation est reçue par le cabinet du ministre Urvoas, qui précise que le statut retenu pour les habitants est : victimes d’une opération policière en responsabilité sans faute de l’Etat. Il est assuré aux représentants du collectif que « s’ils avaient été habitants du 16ème arrondissement de Paris, ils n’auraient pas subi de traitement différencié ».
Le 30 mars 2016 : concert de soutien au Théâtre Gérard Philippe de St-Denis organisé par les habitants, le DAL et le comité de soutien. Présence d’environ 300 personnes. Des artistes (la Cie Jolie Môme, HK et les Saltimbanks, Jeph de tournée générale, Samia Rosemane, Nadia Roz, Laurent Cantet, Wozniak…) affirment leur soutien aux habitant-e-s.
Le 9 avril 2016 : fête de quartier dans la rue de la République/Corbillon rassemblant plusieurs centaines d’habitants de St-Denis. Ecoles, parents d’élèves, habitant-e-s mobilisés pour cet événement solidaire.
Le 4 mai 2016 : face à la stagnation de la situation et à l’absence de perspectives notamment pour les habitant-e-s sans-papiers, nouvelle manifestation du collectif à St-Denis, suivie de l’occupation de la basilique. En fin de journée, les forces de l’ordre évacuent brutalement les habitant-e-s du 48 et les militant-e-s de DAL et soutiens présent-e-s de la basilique. Quelques jours après, une délégation des habitant-e-s et du DAL est reçue en Préfecture. L’annonce est faite de régulariser 21 personnes sur 24 et de poursuivre les relogements.
Fin mai 2016 : sur les 24 demandes de régularisation, 21 reçoivent un titre de séjour valable 1 an. Les 3 refus de régularisation sont assortis d’Obligation de Quitter le Territoire Français contrairement aux engagements pris par l’Etat.
Juin 2016 : suite à la manifestation devant le ministère de la Justice, les représentant-e-s des habitant-e-s et le DAL sont reçu-e-s par la magistrate Mme Thuau, responsable des services judiciaires, sur la question du processus d’indemnisation. Un protocole est mis en place tenant compte du préjudice matériel mais aussi psychologique. Les critères d’indemnisations sont élargis et les chefs de préjudices étendus. Toutefois, le statut de victime du terrorisme est toujours écarté.
18 Novembre 2016 : un an après l’assaut, initiative dans la rue du Corbillon. Les habitants, le DAL et 2 étudiantes de Paris VIII réalisent une expo photo intitulée « victimes du 48 : visages d’une lutte ». La blogueuse Emma a également réalisé une bande dessinée. Celle-ci est inaugurée le jour même à l’occasion d’un rassemblement de solidarité, et à ce jour toujours installée sur la palissade entourant le bâtiment en péril. Il s’agit d’une fresque mêlant portraits des habitants du 48 et photos d’actions collectives avec le DAL et retraçant les moments forts de la lutte.
Juin 2017 : la vingtaine de ménages, la plupart célibataires, qui n’a pas été relogée est toujours hébergée, en attendant, à l’hôtel. Trois d’entre eux n’ont toujours pas été régularisés et un blocage persiste pour le renouvellement de titre de séjour d’une des habitantes. Les versements de l’indemnité due au préjudice matériel sont en cours. Pour ce qui est du préjudice moral, les experts psychologues ont enfin été nommés (mai 2017) pour des indemnisations dont le versement devait débuter en fin d’années 2017.
Le 18 Novembre 2017 : Deux ans après l’assaut, nouvelle mobilisation du collectif des sinistrés avec le DAL et leurs soutiens. En effet, cinq habitants ont été remis à la rue suite à une décision arbitraire de fin de prise en charge hôtelière par les pouvoirs publics, des blocages persistent pour la régularisation de trois d’entre eux, les relogements se font encore attendre, les indemnisations tardent à venir. Les habitant-e-s et le DAL décident de manifester et d’installer un campement rue de la République. Un rendez-vous est obtenu auprès de la Déléguée interministérielle à l’aide aux victimes, les négociations reprennent avec la Préfecture de Seine-St-Denis. Le 22 novembre, les 5 occupent avec d’autres familles sans logis du DAL le gymnase Roquépine à deux pas de l’Elysée.
Quelques jours après, l’initiative porte ses fruits : l’hébergement reprend pour les cinq concernés, les dernières régularisations sont obtenues, un opérateur est nommé pour assurer un relogement effectif de tous les ménages.
Le 18 Novembre 2018 : Trois ans depuis l’assaut, les habitants, le DAL et leurs soutiens se rassembleront rue de la République pour faire un point de situation, rendre hommage aux victimes des attentats et apporter leur soutien aux sinistrés de l’effondrement d’immeubles à Marseille. Sur les 37 ménages membres de l’association, 30 ont été relogés en HLM, mais 4 sont dans des hébergements de stabilisation et trois toujours à l’hôtel et restent en attente d’un vrai logement. Des indemnisations ont été versées aux titres des préjudices matériels, physiques et psychologiques. Mais le statut de victimes du terrorisme est toujours refusé aux habitants. La lutte continue ! Un toit c’est un droit !