Paris capitale du mal logement


DAL/Droit Au LogementParis capitale du mal logement
-* 1) Mal logement et demandeurs de logements sociaux :

153 524 parisiens vivent en surpeuplement aggravé, soit 7,5% des parisiens. 14,6% des personnes en surpeuplement de la métropole sont logées à Paris. Les Parisiens représentent 3,63% de la population totale. Saturnisme, insalubrité et périls sont aussi en nombre beaucoup plus élevé que dans n’importe quel autre département.

Aujourd’hui, on compte 100 239 demandeurs de logements sociaux à Paris dont 89 831 demandeurs prioritaires. En 1996, les demandeurs parisiens de logements sociaux représentaient 14,3% des demandeurs de la métropole. Or 8 000 à 10 000 attributions sont effectuées chaque année Paris.

Malgré le plan de relance du logement social, qui prévoit la production annuelle de 3 200 logements répondant ainsi aux exigences de la loi SRU, cela ne suffira pas à satisfaire les besoins. En effet, il faudra au minimum 8 ans pour répondre à la demande des publics définis comme prioritaires par la Ville de Paris. Il faudra beaucoup plus de temps pour les familles de 3 enfants et plus, car l’insuffisance de grands logements est récurrente. Cette situation est certes le fruit des politiques menées par l’équipe municipale précédente, pour autant ceux qui vivent dans des taudis, qui sont sous la menace imminente d’une expulsion, ou sont sans logis ne peuvent attendre. Les enfants grandissent, rien ne peut justifier de sacrifier une génération.
-* 2) L’épuration sociale et les discriminations ethniques des politiques précédentes ont marqué durablement la capitale :

Entre 1954 et 1990, tout en perdant 24,4% de sa population, Paris a évincé proportionnellement 64,1% d’ouvriers et 26% d’employés, et gagné 46% d’actifs catégories aisées et moyennes, ainsi que 73,7% de cadres et professions intellectuelles supérieures. Cette tendance s’est accrue durant la décennie 90 (résultats du recensement de 99 en cours d’étude).

Discrimination sociale dans l’accès aux HLM et rentes de situation : 35% des locataires de logements HLM conventionnés parisiens perçoivent l’APL en 1998, contre 52,6% en métropole. Autrement dit, la proportion de ménages à revenus modestes y est beaucoup plus faible. 44,6% des adhérents de «Droit Au Logement Paris et Environs» ont fait une demande depuis 6 ans et 30,6% depuis 8 ans et plus.

Discrimination raciale : 14,3% des ménages immigrés parisiens sont logés en HLM, contre 31,2% pour la France. Tout en représentant 14,3% des ménages parisiens (France entière 5,4%), les logements sociaux parisiens ne comptent que 11,7% d’immigrés. Malgré la création d’une commission de transparence à Paris, et une relance relative du logement social, la nouvelle équipe municipale n’en reste pas moins à “gérer” la pénurie de logements et tout particulièrement ceux adaptés aux ménages à bas revenus et les familles nombreuses.
-* 3) Hausse des loyers et spéculation immobilière :

Les loyers parisiens sont de plus en plus chers : le loyer moyen en France dans le parc privé est de 43,8F le mètre carré, il est de 86F à Paris aujourd’hui. Il était de 30,9F/m2 en 1984 à Paris, soit une hausse de 193% en francs constants en 16 ans. Les deux tiers de parisiens sont locataires. Depuis 1997, grâce aux fonds spéculatifs internationaux et aux mesures de relance des deux gouvernements, une nouvelle vague spéculative s’est étendue à la quasi-totalité du territoire provoquant une flambée des prix des loyers dans les centres urbains.
-* 4) Expulsions locatives et hébergements :

Les dispositifs visant à faire diminuer le nombre d’expulsions restent sans effet et les expulsions continuent d’augmenter. Il apparaît très clairement que les mesures de prévention des expulsions pour impayés de loyer, prévues par la loi d’orientation sur la lutte contre les exclusions, sont restées sans effet. Les expulsions locatives sont toujours plus nombreuses : d’après les chiffres de 2000, sur 100 005 jugements d’expulsion rendus en France, 32 595 ont été rendus en Ile de France, dont 9300 à Paris. 4275 expulsions ont été exécutées avec le concours de la force publique en France, dont près de 3000 en Ile de France et plus de 950 à Paris.

Le taux de jugements d’expulsion (23,8 % des logements loués de France mais un tiers des jugements d’expulsion) est beaucoup plus élevé en Ile de France que la moyenne nationale. Paris se caractérise par un nombre de jugements d’expulsion suite à congé (expulsion à l’expiration du bail) beaucoup plus élevé que la moyenne. Cette disproportion (28,4 % du total des jugements d’expulsion pour congés alors que Paris compte 7,2 % des locataires de la métropole) est causée par le climat spéculatif de la capitale. En fait 16,7% des expulsions réalisées avec la force publique, l’ont été à Paris.

Or, pour les familles en errance ou expulsées vivre à l’hôtel revient très cher.
Les prises en charge, lorsqu’elles sont allouées, reviennent également très cher à la collectivité, à raison de 300 F à 2000 F par jour par ménage, suivant que les familles sont placées dans des hôtels souvent insalubres, ou dans des centres d’hébergement. Soit un coût mensuel de 9000F à 60 000 F par famille. A ce prix, il serait plus économique et plus confortable de financer la location de logement dans le parc locatif privé.
-* 5) Logements vacants :

Les logements vacants continuent de progresser dans les centres. Le logement devient un placement financier destiné à être vendu au meilleur prix et au meilleur moment et donc gardé inoccupé. Sans retenue dans un tel contexte de crise, les entreprises publiques et administrations se dépouillent de leur patrimoine immobilier au plus offrant (France Télécom, SNCF, CAF, EDF…)

En 1962 Paris comptait 20 000 logements vacants selon le recensement. Aujourd’hui Paris compte 136 554 logements vacants, soit un logement sur dix. Paris compte 4,6% des logements de la métropole et recèle 6,9% des logements vacants. Paris caracole en tête des métropoles françaises par le nombre et se place 4e position par la proportion, après Nice, Lyon, Bordeaux.

En outre, 4,6% des logements HLM étaient inoccupés à Paris lors du recensement de 1999, soit 9479 logements, soit près de un logement sur 20.
Marie-Noelle Lieneman, Secrétaire d’Etat au Logement, a lancé à grand renfort médiatique un plan de réquisitions de 3000 logements sur la France dont 700 à Paris en juin 2001, mais ce plan s’est finalement réduit à une peau de chagrin lors de sa mise en oeuvre.