Droit de réponse à l’article du journal Sud Ouest du 29 juillet
le 1er août 2016
Etait-il nécessaire d’ajouter à la situation pénible que vit une femme à la rue, le déballage de sa vie privée, véritable mise à nu sur la place publique, créant autour d’elle un climat de suspicion aussi peu déontologique que constructif, et en la livrant à la vindicte des réseaux sociaux sans qu’elle ait véritablement la possibilité de se justifier.
C’est bien connu, s’il existe aujourd’hui environs 140 000 sans abris en France, c’est qu’ils l’ont bien cherché, si la crise du logement affecte 15 millions de Français avec 3,8 millions de mal-logés (source Fondation Abbé Pierre) c’est leur faute, à l’instar des chômeurs et autres travailleurs pauvres qui le méritent bien! A voir la façon de se justifier de la Directrice adjointe de la Maison du logement, on a peine à croire que le 14 juin dernier, l’Assemblée nationale a voté la proposition de loi instaurant un 21è critère de discrimination : la discrimination pour « particulière vulnérabilité résultant de leur situation économique, apparente ou connue de son auteur ». Texte identique à celui voté à l’unanimité en juin 2015 par le Sénat.
Le 5 juillet est la date de la première rencontre de Martine avec le comité Dal Dax, plusieurs ont suivi jusqu’à l’envoi, par le comité le 21 juillet, du courrier adressé au Préfet avec copies au maire de Dax et au Député (le seul ayant eu la courtoisie de répondre). L’interview sur France Bleu le 22 a déclenché une vague de soutien légitime, le journal Sud Ouest a publié le 28 (accès internet restreint aux abonnés) un article retrace sa galère en soulevant un peu plus l’indignation.
Martine n’a rien caché de ses déboires avec les institutions, en particulier concernant les refus de propositions de logement, ni omis ses autres affaires sans rentrer dans les détails puisque n’ayant pas de lien direct avec le sujet. Elle a évoqué le côté passager de sa baisse de revenu, et une issue qu’elle espérait imminente. Si elle a eu la volonté et le courage de témoigner c’est surtout que ces trois mois à la rue lui ont fait rencontrer d’autre personnes dans cette galère qu’elle n’imaginait pas, car nombreuses sont les personnes dans sa situation, dormant dans une voiture, une tente, un squat, et toutes n’ont pas un « dossier » aussi favorable.
Mme Lassus s’exprimant sans réserve, à l’énoncé de toutes ces mesures on peut s’interroger sur la pratique de qui consiste à mettre sous curatelle les personnes en situation de précarité, et mieux comprendre que des personnes «ayant du tempérament » se plient avec difficulté à ce contrôle social, et à ce dirigisme. Par ailleurs, on peut aussi s’étonner que l’offre de logements sociaux accessibles aux plus démunis soit insuffisante et/ou inadaptée, tout en sachant que la transformation d’une baignoire en douche est un aménagement banal pour les HLM, réalisé couramment pour les locataires vieillissants…
L’histoire aurait pu en rester là, à quelques détails prés. Martine n’a pas menti au Dal, ni pleuré aux médias, ni aux auditeurs, le Dal n’a pas souhaité polémiquer en alertant le Préfet concluant dans son courrier:«Nous connaissons les limites du dispositif CHRS, cependant c’est la première fois que nous nous trouvons face à une telle situation sur Dax, de surcroît en pleine canicule… Nous ne pouvons l’accepter, c’est pourquoi nous sollicitons votre intervention en urgence, dans l’espoir que le cas de Mme (…) demeure l’exception. En accélérant un peu les choses, peut-être quelques nuitées d’hôtel, un rendez vous pour entendre les doléances du Dal, le problème était réglé et tout le monde s’en sortait la tête haute.
Dax et les Landes ne sont pas le pire en matière de logement social et d’insertion, cependant cela fait des années que Droit au Logement Dax dénonce les exclus du dispositif d’urgence ainsi que les dérives de la Maison du Logement qui fait la pluie et le beau temps des sans abris Dacquois. Dans son article IV, la loi instituant le Droit au Logement Opposable du 5 mars 2007 a introduit deux principes clairs qui sont : « l’accès inconditionnel de toute personne à la rue » à l’hébergement ainsi que « le maintient dans le dispositif et l’orientation vers les structures adaptées » (au cas de la personne). Codifiées dans le code de l’action sociale et des familles (L345-2-3) ces lois sont quotidiennement bafouées sur tout le territoire comme sur l’agglomération Dacquoise, les voies de recours obligeant les sans abris à attaquer au tribunal administratif celles et ceux censés les sortir de la rue, il faut sans doute y voir une explication du nombre croissant de sans abris.
Les abus de la Maison du Logement sont connus de longue date en particulier leurs ruptures de contrat et les expulsions arbitraires sans aucun jugement légal qui relèvent même parfois de l’infraction pénale, Leur position de quasi-monopole sur le « marché de l’insertion » rend alors encore plus difficile pour les réfractaires l’obtention de soutiens d’autres travailleurs sociaux et donc l’accès au logement. A quelques kilomètres de l’agglomération, depuis plus d’un an et demi, une maison à l’abandon a été réquisitionnée où se sont croisés des saisonniers (dont des espagnol), des jeunes, une jeune femme enceinte, une autre qui sortait de l’hôpital psychiatrique, beaucoup de personnes vivant en camion ne sachant où se poser, d’autre en quête d’une domiciliation de plus en plus difficile à obtenir de la part des CCAS, pourtant indispensable à toute démarche d’insertion…
Pour le DAL, « enfant terrible de l’Abbé Pierre », personne ne mérite de dormir dehors ou de ne pas bénéficier d’entraide, on ne le redira jamais assez : un toit c’est un Droit !
Pour le Comité, Emmanuel Klein, Porte parole. Le 1er août 2016
COMMUNIQUE – DAL 40 DAX
20 juillet 2016
Il y a quelques semaines encore, Martine vivait dans son appartement à Saint Paul les Dax, un surendettement puis un retard dans le traitement de son dossier de retraite l’ont privée de revenu, entraînant impayés de loyer puis l’expulsion de son logement. Malgré ses démarches (demande de logement social) et ses efforts (elle perçoit à nouveau sa retraite) la maison du Logement, mandatée par la commission départementale de prévention des expulsions, n’a trouvé d’autre solution pour elle que l’hébergement d’urgence collectif du centre d’accueil de nuit du Grand Dax, tout en sachant qu’elle ne pourrait y avoir accès avec son animal de compagnie (un bichon prénommé FBI) dont elle ne saurait se séparer.
C’est comme cela que Martine, handicapée, âgée de soixante ans et retraitée de la fonction publique dort depuis plus de deux mois dans son véhicule sur les parkings des communes de Dax et St. Paul.
Nous connaissons les limites du dispositif CHRS, cependant c’est la première fois que nous trouvons face à une telle situation sur Dax, de surcroît en pleine canicule… Nous ne pouvons l’accepter, des courriers ont été adressés au Préfet des Landes ainsi qu’au Maire de Dax et Au Député des Landes.
Point presse le vendredi 22 juillet au parking de l’ancien bricomarché de St. Paul les Dax (av. de la résistance).
A Dax le 20 juillet 2016