Un rapport parlementaire préconise des économies “ciblées”
Faut-il remettre en cause les aides personnalisées au logement?
Réponse de Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de DAL au député François Pupponi, rapporteur de la commission parlementaire
Publié dans l’Humanité, le 5 juin 2015
JBE : Le rapport Pupponi le reconnaît, raboter encore une fois les allocations logement se retournera immanquablement contre les classes populaires. Oui, une telle mesure viendra alimenter le sinistre manège de l’expulsion locative, qui tourne chaque année un peu plus vite et a éjecté de leur logement 126 000 locataires en 2013, contre 71 000 en 1998. Les classes populaires, devenues désormais la grande masse des locataires, se paupérisent à toute vitesse, à cause notamment du renchérissement des loyers et des charges, pour le plus grand profit des bailleurs privés et des fournisseurs de fluides.
Les propositions de la commission Pupponi sont elles douloureuses ? Bien sûr ! Le coup de rabot parait léger, mais il touche l’os :
– Des ménages vont perdre partie ou totalité de leur APL par l’effet de seuil, et ils seront un peu plus nombreux à pousser la porte qui mène à la grande exclusion.
– Le calcul de l’APL en fonction du patrimoine des ménages modestes qui ont réussi à le conserver, alors que les inégalités de patrimoine se renforcent à toute vitesse érige en principe qu’il est un luxe pour les pauvres, et un droit pour les riches et leurs descendants.
– La réforme de l’allocation étudiante ne manquera non plus pas d’ouvrir une brèche dans le principe défendu par les syndicats étudiants de l’égalité des droits, et de l’indépendance vis-à-vis de leurs parents… la commission met le pied dans la porte.
– La mise à jour 2 à 4 fois par an des ressources par les allocataires, et les tracasseries qui s’en suivront en cas d’oubli ne sera pas indolore. Elle élargit aussi la trappe aux prestations sociales des étrangers qui renouvellent leurs papiers.
– La commission a oublié une mesure d’économie et de justice sociale: couper les APL en baissant d’autant le loyer des logements indécents, jusqu’à la réalisation des travaux. C’est dans la loi.
Non, il ne faut pas réduire le budget des APL, pas avant d’avoir effectivement baissé les loyers et les charges, et d’avoir renforcé les aides à la pierre, et ce n’est pas le chemin pris par le Gouvernement Valls. La Plate forme logement des mouvements sociaux (PFLMS) l’exige depuis sa création.
Cela ne suffira pas, et il faut augmenter les APL et le forfait charge dans le logement social, car il faut sortir de la misère les millions de locataires qui s’y enfoncent.
Politique couteuse ? Le patrimoine des riches n’a jamais été aussi élevé, taxons le, particulièrement à la transmission du patrimoine. Cessons les cadeaux fiscaux aux riches investisseurs, 5 milliards par an, et taxons les profits locatifs et les profits spéculatifs immobiliers et fonciers, considérables depuis 15 ans .
Faute de quoi, nous assisterons au développement des bidonvilles et du lucratif métier de marchand de sommeil.
Jean-Baptiste EYRAUD
Porte parole de fédération DAL