Hommage à notre ami et camarade de combat, Marcel Dumont


 

                                                                        pastedGraphic.pngDAL – Droit Au LogementpastedGraphic_1.png

                                                                                        Paris le 19 février 2023

Dimanche 19 février, à 11h les locataires « l’hôtel du marché » , un meublé au mois situé 48 rue de Meaux, en lutte contre leur expulsion et pour leur relogement depuis juin 2022, rendent hommage à leur voisin et compagnon de combat Marcel DUMONT, décédé le 9 février à l’hôpital Fernand Vidal, à l’âge de 86 ans.

Marcel est né à Paris en avril 1936. Il a exercé plusieurs métiers et a fini sa vie professionnelle comme plombier-chauffagiste. Il avait d’ailleurs entretenu quelques années la chaudière du 48 rue de Meaux,  où il vivait depuis Avril 1995.

Sa chambre mesurait exactement 12 m2. Il  payait un loyer de 500€ sans douche, ni cuisine. Juste un lavabo et un bidet,  ainsi qu’un coin cuisine sans évier bricolé par ses soins, des canalisations en plomb, des fuites au plafond, à la fenêtre, sous le lavabo … Indécent et  bien plus cher que l’encadrement des loyers ! Avec une minuscule retraite il bouclait ses fins de mois grâce à l’APL …

Début2022, les locataires apprennent par le gérant qui veut toucher une indemnité d’éviction, qu’ils doivent débarrasser le plancher le 1er Juillet.  Un spéculateur a racheté l’immeuble, 4millions d’euros, pour le revendre près de 8 à un promoteur pour en faire un « co-living » et un « co-working », ces nouveaux gadgets immobiliers issus de la « start-up nation » et de la « Macronie et son monde » où seul compte l’argent.

Depuis la transformation du marché Secrétan en  halle de commerces branchés, et loué par la ville le quartier a changé. C’est un  exemple d’urbanisme spéculatif destiné à faire monter les prix immobiliers et les loyers, pour évincer les Marcel, les Zohra, les Amar, les Danielle, les Mouloud, les Gérard, les Sabrina, qui ont trimé dur dans ces petits métiers qui ont fait tourner l’économie. On les a oublié dans cet hôtel sordide, abandonnés aux griffes des vautours de l’immobilier, comme tant d’autres, du petit peuple parisien, au nom de « la mixité sociale », en vérité « l’épuration sociale ». 

Coup de chance, un locataire connaissait DAL et a donné l’alerte !La résistance s’organise : Occupation surprise de la Mairie du 19e, médiatisation, rassemble-ments, mobilisation des habitants du quartier et du collectif unitaire du 19e…

Le 1er juillet, Marcel et ses voisinEs sont toujours là, faisant échouer la vente au promoteur.  

Un jour de Juillet, le Maire du 19eDagnaudavec l’adjoint au logement de la Ville de Paris, Ian Brossat,  leur annoncent qu’ils sont prêts à les reloger et veulent transformer l’immeuble en logements sociaux !

Déjà Marcel ne peut plus quitter sa chambre, il salut les rassemblements de soutien hebdomadaires de sa fenêtre du 2e étage. Sa santé se dégrade, comme les conditions de vie dans l’immeuble. Depuis quelques mois, il ne peut plus descendre les escaliers pour faire ces courses, laver son linge, prendre l’air et dire bonjour à ses connaissance dans ce quartier populaire ou il vit depuis si longtemps, où il veut finir ses jours. C’est pourquoi il décline une proposition dans un EPAHD proche du Panthéon : finir au milieu des bourgeois et des touristes, il dit non ! On le comprend. Ses voisinEs, solidaires le prennent en charge. Le WC et la douche de son étage son condamnés. Il ne peut plus s’y rendre… 

En septembre, la chaudière est à l’arrêt, au prétexte que la cuve de fuel est vide : plus d’eau chaude pour se laver, ni de chauffage pour se chauffer. Compte tenu de l’insalubrité des lieux, des pressions pour les jeter dehors, les locataires ont suspendu le paiement des loyers. Malgré la médiation de la Mairie, le gérant refuse le paiement des charges proposées par les locataires, il exige la totalité des loyers pour ces taudis. Puis l’hiver arrive …  Marcel a un petit chauffage d’appoint, mais il pèle dans sa piaule. Le 13 décembre, 1ièrevague de froid, les militants du DAL et ses voisins le  trouvent gisant sur le sol, ne pouvant se relever. Il est transporté à l’hôpital, seulement quelques heures, puis ramené le jour même dans sa chambre froide. Le surlendemain il tombe à nouveau, il se blesse et est de nouveau conduit à l’hôpital, il décède jeudi 9 février à Fernand Vidal.

Il voulait rester vivre et surtout finir ces jours  dans son quartier.Il ne s’est pas dérobé, il était au combat, pour être respecté lui, ses voisinEs d’infortune et « sa race », comme dit Annie Ernaux prix Nobel de Littérature, pour parler des opprimés, des exploités.  

Ensemble en cette journée d’hiver dimanche 19 février 2023, nous honorons et  saluons la mémoire de Marcel Dumont tombé au combat contre les spéculateurs et les profiteurs du logement, 

Nous présentons nos condoléances à sa famille, à sa fille qui l’a assisté pendant ses derniers jours.