Le 16 mars dernier, le budget de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) était augmenté de 2 milliards d’euros.
2 milliards de plus pour les quartiers populaires ?
2 milliards de plus pour nous chasser de nos quartiers !
Les opérations de renouvellement urbain continuent de détruire nos quartiers ou de les « rénover » afin de nous remplacer, nous disperser, nous chasser !
Le scénario est toujours le même :
Pendant des années, ils laissent nos immeubles se dégrader, faute d’entretien, nos quartiers sont désertés par les services publics, les associations de quartiers amputées de leurs moyens, nous sommes abandonnés. On stigmatise nos quartiers comme des lieux de délinquance, de communautarisme etc. Et quand ils deviennent financièrement attractifs pour les promoteurs, on nous chasse !
C’est d’abord une plaquette en papier glacé que nous recevons dans nos boîtes aux lettres qui nous annonce « votre quartier va changer », « le tramway arrive » ou « désenclavons le quartier » : les dessins d’architectes nous font rêver à des immeubles neufs, dans un environnement aéré et verdoyant !
Quand la première réunion publique a lieu, c’est la douche froide ! Ces appartements lumineux dans ces beaux immeubles ne sont pas pour nous et le projet a déjà été entièrement monté sans nous demander notre avis !
Pour commencer, on nous divise en 2 : ceux qui doivent partir et ceux qui peuvent rester :
Pour ceux qui doivent partir, les enquêtes sociales commencent et nous sommes toutes et tous appelés individuellement, on nous demande d’ « élargir le périmètre de notre demande », on nous propose de changer de ville, on nous rappelle que notre cousin hébergé chez nous depuis 20 ans n’aura pas sa place dans le nouveau logement.
Ceux d’entre nous qui ont une dette de loyer sont exclus du dispositif de relogement, convoqués au tribunal et les expulsions se multiplient.
Nos immeubles sont laissés à l’abandon, le bailleur ne répond plus ou refuse les travaux « puisque ça va être détruit ».
Puis les propositions de logement arrivent, « 3 et c’est l‘expulsion », « vous ne devriez pas refuser celle là, les autres seront moins bien » : il faut aller loin, dans des logements, plein de malfaçons, avec des loyers plus chers, dans un quartier quii sera lui aussi « rénové » dans quelques années.
Nous sommes déracinés. Les plus anciens d’entre nous ne retrouveront jamais la vie de quartiers qu’ils avaient.
Pour ceux qui restent, c’est parfois 20 ans dans les travaux : la poussière, le bruit, la pollution, du matin au soir, les week ends…
De la naissance au collège, de la retraite au cimetière, confinés sans pouvoir prendre l’air devant chez soi
Ni inviter des amis ou parents par honte de la boue devant nos fenêtres
Et quand c’est terminé, les loyers augmentent et les commerces sont remplacés.
Tout ça pourquoi ?
Parce qu’il y a de l’argent à faire sur nos quartiers, sur nos immeubles…
Parce que mairie, bailleurs, préfets et promoteurs se sont accordés pour nous dégager !
Pour changer la population : ce qui est très poliment appelé gentrification et qui est en réalité de l’épuration sociale !
Alors qu’il y a des millions de personnes qui attendent un logement social, les nôtres sont détruits !
Des centaines de grands et beaux logements peu chers sont détruits, véritable aberration écologique ! Malgré l’obligation, ils ne sont pas reconstruits, et quand ils le sont ce sont des logements plus petits, plus chers et de mauvaise qualité…
Face à l’ANRU, nous devons nous unir pour défendre :
- notre droit à rester et vivre dignement dans notre quartier : nos logements, immeubles et quartier doivent être entretenus par des réhabilitations douces, respectueuses des locataires sans hausse des loyers et conformes aux demandes des habitant-e-s du quartiers, bien desservis en transports, équipés en services publics, agréables à vivre !
- notre droit à un logement adapté, accessible, décent : nos logements doivent être entretenus, nos demandes de mutations satisfaites !
- l’arrêt des expulsions :la crise sanitaire et sociale que nous traversons a des conséquences dramatiques pour les locataires : pas de mise à la rue, apurement des dettes et hausse des APL !
- le droit au logement pour toutes et tous : l’arrêt des démolitions des HLM, la réalisation massive de logements sociaux partout pour permettre à toutes et tous d’être logés dignement !
Et quand nous n’avons pas pu bloquer la démolition de nos logements :
- nous devons être relogés au même prix au m2,
- dans des conditions de confort et d’équipement au moins équivalentes (parking, caves etc.),
- dans le quartier que nous avons choisi
- tous les habitant-e-s doivent être relogés, y compris les enfants des locataires et les hébergés
- les logements détruits doivent être intégralement reconstruits, de même type et au même loyer
- Le bailleur doit signer avec nous une charte de relogement locale reprenant nos demandes
- nous devons être indemnisés pour le préjudice subis,
- les travaux doivent être faits dans le respect des habitant-e-s
Nous ne sommes pas du bétail qu’on déplace !
Pour tous ça, nous, habitant-e-s des quartiers menacés par l’ANRU, nous devons nous défendre et nous organiser :
quartiers@droitaulogement.org/ Facebook : DAL HLM