Paris, le 31 octobre 2020,
Les mesures annoncées par Mrs Macron et Castex pour ce 2ème confinement laissent à nouveau sur le bas-côté les galériens et galériennes du logement. Ignorant délibérement les enseignements à tirer du 1er confinement, ils laissent sur la touche et soumettent à la punition du confinement, sans contrepartie et sans espoir d’amélioration de leur situation, celles et ceux :
♦ Déjà à la rue, et qui n’ont pas de place décente lorsqu’ils appellent le 115, même alors qu’ils viennent d’être expulsés malgré les promesses du Gouvernement, avec :
– des conditions d’hébergement qui se dégradent au fil des mois : hôtels et foyers où l’on entasse désormais dans une seule chambre les familles avec enfants ou plusieurs personnes isolées au mépris des normes minimum d’habitabilité[1]– lesquelles en temps de crise sanitaire devraient être encore mieux observées,
– des risques de contamination bien plus élevés pour les personnes sans logis, renforcés par des conditions de travail exposées – les premiers de corvée – et sous rémunérées, pour celles et ceux bien plus nombreux qu’on ne le pense qui ont un emploi,
– la violation constante du droit à l’hébergement jusqu’au relogement et à un hébergement stable en attendant, conformément aux l’article L 345-2-2 et 2-3 du code de l’action sociale.
♦ Toujours entassés dans des taudis, et qui vont devoir subir 24h sur 24 l’air rendu irrespirable par l’humidité, les rats et les nuisibles qui envahissent le logement, les punaises de lit qui infestent le moindre interstice, les pressions du marchand de sommeil si elles dénoncent leurs conditions misérables de logement ou si elles manquent un loyer, les tension et les conflits intra-familiaux … Tandis que le projet d’ordonnance sur le logement indigne dégrade la protection des locataires, et que l’état a cessé de financer la construction de nouveaux HLM et désormais veut faire main basse sur les fonds qui permettent encore d’en construire[2]
♦ Déjà au chômage pendant et depuis le 1er confinement, ou qui vont le subir cette fois-ci, et se trouveront, face à un loyer exorbitant au regard de leur revenu, à devoir choisir entre le juge pour impayé ou faire la queue aux distribution alimentaires,
♦ Dès ce mois-ci qui vont passer à la chaine devant les tribunaux pour être expulsés en 2021,
♦ Qui vont encore écoper d’amendes de 135€ à répétition parce qu’ils sont à la rue ou ne peuvent pas imprimer l’attestation à chaque fois qu’ils mettent le nez dehors.
Pour celles et ceux là, ils n’ont pas dit mot, classés dans le grand trou noir des « pauvres et des exclus » que l’on destine aux organismes de « solidarité ».
Ils n’ont pas dit mot non plus sur les nouvelles économies prévues sur les locataires, le logement social et les prestations déjà insuffisantes : 3,2 milliards de ponctions sur les APL programmées pour 2021 dans la loi de finance, main basse sur le 1% logement, criminalisation des occupants sans titre de logements vacants…
Droit Au logement appelle à la mobilisation des sans logis, des mal-logés et des locataires qui payent le lourd tribut du COVID, tandis que d’autres fuient l’épidémie avec leur avion particulier, pour manifester même pendant le confinement et exiger :
– L’application de la loi de réquisition à l’occasion d’une « marche des réquisitions » en novembre, alors que 3,1 millions de logements sont vacants;
– Le respect et l’application de la loi DALO et du Droit à l’hébergement jusqu’au relogement stable, décent et accessible;
– La révision du projet d’ordonnance sur le logement indigne en vue de renforcer les droits des victimes et leur protection;
– Un moratoire des procédures d’expulsion;
– L’effacement des dettes de loyer et d’accession à la propriété;
– Le rétablissement et le renforcement des APL en HLM;
– Un financement public massif pour produire de vrais logements sociaux, l’abandon de toute ponction sur les fonds du logement social;
– La baisse des loyers dans le secteur locatif privé et une police du logement pour vérifier le bon respect des droits des locataires tels que l’encadrement, le gel des loyers à la relocation, la décence du logement et la bonne qualité des nouveaux logements et des réhabilitations thermiques de plus en plus bâclées…
– La taxation des plus-values tirées de la spéculation immobilière et du logement cher.
Un toit c’est un droit !
[1] Le surpeuplement est calculé de la manière suivante : 9m2 pour un personne, 16m2 pour 2 personnes, et 9 m2 par personne supplémentaire.
[2] L’argent du 1% logement, principal financeur de la production nouvelle de HLM est convoité par l’état pour combler les baisses d’impôts des riches et les largesses faites aux entreprises sans contrôle