MONTPELLIER, LA PAILLADE, LE 11/07: LE LIEN SOCIAL CONTRE LES EXPULSIONS


Le 11 juillet dernier, le DAL /DAL HLM de Montpellier et l’AJPPN  organisaient, résidence du Lac, à Pierre Cardenal, un barbecue de solidarité avec les locataires menacés d’expulsion. Entre 150 et 200 habitants ont répondu à l’appel. Un moment de convivialité, de solidarité entre habitants pour partager leurs expériences, s’informer sur leurs droits et exprimer leur opposition à l’expulsion de familles par la SFHE et les autres bailleurs.

Pourquoi avoir organisé un barbecue contre les expulsions locatives ?

Ce 10 juillet marquait la fin de la trêve « hivernale » des expulsions locatives. Plusieurs personnes nous ont saisi de leurs situation d’expulsion. Il est aussi évident que le contexte est marqué par l’angoisse liée au confinement, à la fragilité économique, la persistance de la pandémie. Jeter les gens à la rue serait proprement indécent, indigne, scandaleux, quelqu’en soit la raison.

Dans une logique de prévention, de débat et d’action par les habitants eux-mêmes, nous avons choisi d’organiser, avec l’AJPPN (Association Jeunes Pailladins Phobos Nord), une action  conviviale, d’éducation populaire, au pied des immeubles… En effet, le DAL/DAL HLM Montpellier est aussi une association de locataires. Il importait pour nous d’organiser une action, lors de cette mobilisation nationale, un moment entre habitants dans un quartier populaire. Ce samedi, c’était donc rue Pierre Cardenal, devant l’enseigne de SFHE, un bailleur social privé qui envisage de jeter  plusieurs familles à la rue.

De nombreux habitants sont ainsi venus à notre table d’information. Non seulement sur des problèmes aberrants d’expulsion mais aussi de surpeuplement, d’habitat insalubre, de demandes de mutation qui s’éternisent. Le ressenti est autant de la résignation que de la colère. Il est urgent de sortir d’une logique de clientélisme pour revenir à des logiques de droit et d’urgence sociale !

Les bailleurs, comme les institutions, doivent savoir que les habitants peuvent s’organiser pour refuser les mises à la rue indignes. Nous appelons autant à l’utilisation du droit qu’à la mobilisation collective ou à la désobéissance civile non violente pour s’opposer à ce qui, actuellement, est  brutal, injuste, indigne.

Des instructions ministérielles ont été édictées aux préfet, le 2 juillet dernier, obligeant les préfectures à reloger sans expulser. Nous invitons les personnes menacées de s’en emparer et à les faire valoir.

Cela peut arriver à tout le monde. Le DAL/DAL HLM de Montpellier compte des adhérents ayant déjà déjà vécu le drame d’une expulsion. Des habitants sont venus spontanément parler de leur expérience, de leur vécu. Les impayés constituent évidemment une part importante des expulsions locatives.. Encore faut-il s’interroger sur les causes et convenir que ce qu’on appelle les « accidents de la vie » peuvent, par définition. toucher toute une chacune ou tout un chacun. Ceux-ci sont aussi malheureusement une caractéristique de nos quartiers. Le contexte sanitaire et social actuel se prête, en outre,  à fabriquer de la précarité sociale. Le jugement démagogique et frappé du sceau d’un mépris social est facile mais ne résout rien. En outre, les expulsions locatives, ce sont aussi les fins de bail, les loyers ou des traites trop chers, des congés-vente, etc … De la part de certains bailleurs, menacer de ou mettre quelqu’un à la rue est un moyen de contrôle des locataires, de répression envers celles et ceux qui demandent des conditions d’habitat plus dignes. Personne ne mérite la rue !. Point barre !

Nous nous opposons également à la remise à rue des personnes inscrites dans des dispositifs, des foyers d’hébergement mobilisés pour le plan hivernal ou pour le covid, au démantèlement des squats et des bidonvilles, sans proposition de relogement. C’est la loi de reloger !  Mais, le travail d’accompagnent social n’est pas à la hauteur de l’application de la loi ou des enjeux humains. Il ne semble que formel, alors que les textes parlent de « relogement adapté », ce qui suppose de connaître les personnes, donc de s’inscrire sur le long cours, de faire avec les gens eux-mêmes et les associations qui y interviennent. On peut pas constater l’errance sociale, la déplorer par rapport au tourisme, la traiter de façon purement sécuritaire, sans relancer ou innover quant à l’accueil et l’hébergement des personnes sans-abri.

 

 

 

Quels conseils pour les personnes menacées d’expulsion ?

De manière administrative, monter un dossier DALO. Pour beaucoup, ce n’est pas si facile, niveau temps, à cause aussi de la complexité de la procédure.. Voire un dossier de surendettement. On diabolise ces démarches, alors qu’elles peuvent être utiles dans bien des situations. Concernant la DALO, il convient de rappeler qu’il s’agit avant tout d’acteur, de reconnaître une situation de mal-Logement et non pas l’inéluctabilité d’un logement éloigné de Montpellier.

Nous invitons également les personnes menacées d’expulsion de prendre contact avec un travailleur ou une travailleuse sociale. Il arrive souvent que ceux-ci ou celles-ci soient débordés ou démobilisés sur les problèmes de logement. Il arrive aussi que que le courant passe mal. Des associations pratiquent de la médiation sociale. Cela peut constituer un recours. De nombreux dispositifs existent mais ils éprouvent des difficultés à être efficients. Par exemple, le Fond Solidarité Logement, sensé soutenir les locataires en difficulté est inadapté et fonctionne mal. Actuellement, les services publics, en particulier la DDDCS, administration étatique, traitant des expulsions, les organismes tels que la CAF, la CPAM,, la CARSAT, etc … sont difficiles à contacter. Ni la préfecture, ni les bailleurs ne l’ignorent.

 Nous invitons aussi à prendre contacter un avocat. Notamment lorsqu’elles sont en procédure judiciaire. Les procédures judiciaires sont de plus en plus rapides voire expéditives, contrairement à des idées reçues.. Les propriétaires souscrivent des assurances privées qui leur mettent la pression et permettent l’embauche de bons avocats. Les avocats spécialisés en droit au logement ne sont pas assez nombreux.

Surtout, autre aberration, la saisine du  JEX n’est pas suspensive, alors que ce, juge de l’exécution peut, en dernier recours, accorder des délais et veiller aux modalités de l’expulsion.

Quoiqu’il en soit et même si cela constitue une épreuve, il faut sortir de l’isolement et la honte. Plus une procédure d’expulsion est prise en compte en amont, plus cela augmente les  chances, déjà assez minces, de trouver une solution. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé ce barbecue avec une association de quartier comme l’AJPPN, et ce n’est que la première initiative. Le lien social, la rencontre citoyenne, la mobilisation collective sont des ressorts que les habitants doivent utiliser. Nous les invitons à s’organiser en associations de locataires, autant pour défendre leurs droits que pour refuser la dégradation sociale de leur quartier.

=> Le DAL/DAL HLM de Montpellier tient une permanence à l’AJPPN, tous les mercredis de 14h à 17h, 236, rue Pierre Cardenal (ligne 19 Arrêt P Cardenal).

Que propose le DAL/DAL HLM Montpellier ?

En premier lieu, le respect de la loi, des instructions ministérielles. Celles qui datent du 2 juillet sont claires : pas d’expulsion sans relogement ! Forcer les gens à éprouver la rue, non seulement au final coûte cher à la collectivité en accompagnement social et médical, mais cela déstructure les êtres humains, dégrade leur santé. Il est évident comme urgent de reconsidérer cette question sous un angle social et humain. La balle est dans le camps de l’Etat, des collectivités locales, des bailleurs sociaux et privés. Une circulaire ministérielle, émise par le Ministère du Logement, le 3 juin, rappelle les principes du plan « le logement d’abord ». Elle pointe aussi le manque de logements PLAI, HLM accessibles aux plus modestes. C’est délibérément que la collectivité n’a pas assez favorisé la construction de ce type de logements. Il faut rattraper cette grave erreur. Depuis notre création, à la suite de mouvements comme Justice Pour le Petit-Bard, nous alertons les autorités sur cette carence grave,. Comme l’invite la circulaire du 2 juillet, le préfet doit mobiliser le parc social vacant. Si cela ne suffit pas, il faudra procéder à des réquisitions. En outre, comment considérer que Airb n’b contribue au tourisme et en même temps stigmatiser les gens qui vivent à la rue.

Le mal-logement ou le sans-abrisme constituent des abcès pour notre ville. Il faut tourner la page où les mal-logés ou les sans-abri étaient les otages de la polémique politicienne et se tourner vers des objectifs innovants et audacieux. Les élu.e.s des différentes collectivités, les  associations, l’Etat doivent retravailler ensemble. Récemment, la préfecture a dit être favorable à un travail en commun avec les associations de locataires sur l’efficience des dispositifs pour soutenir les ménages ou les personnes en difficulté, pour veiller au respect de la circulaire du 2 juillet. Nous verrons si cela se concrétisera. Il y a urgence ! Selon la Fondation Abbé Pierre, ce sont environ 3500 personnes qui sont menacées d’expulsions.

Les exigences posées dans la pétition que le DAL Montpellier a lancée, lors du confinement, sont toujours d’actualité. Le remboursement des loyers correspondant aux mois de confinement peut constituer un coup de pouce significatif aux familles modestes qui ont vu un accroissement de leurs charges et/ou une perte de leur revenu. La crise sociale n’est pas une fatalité. Montpellier compte déjà 30% d’habitants vivant au seuil où en dessous du seuil de pauvreté . Il est impossible d’assister à la paupérisation de notre ville sans broncher ! La collectivité publique doit prendre ses responsabilités. Les bailleurs sociaux peuvent faire un effort. De même, un fond de garanti peut être mis en place aux profit des ménages modestes logés dans le privé, à l’image des aides aux entreprises. La situation de propriétaires occupants, modestes, aux prises avec la difficulté de payer leur crédit doit être aussi prise en compte.

Il faut, en effet, absolument éviter la banqueroute des familles fragilisées. Redonner du pouvoir d’achat aux personnes ou aux familles modestes, fragilisées, c’est réinvestir de l’argent dans l’économie locale. Récemment, le DAL/DAL HLM de Montpellier et l’AJPPN ont récemment rencontré Aly DIOUARRA, un des initiateurs d’une pétition allant dans ce sens, en banlieue parisienne et  ayant rencontré un fort écho.

Évidemment, comme nous l’avons évoqué plus haut, un moratoire sur les expulsions et l’amplification de l’hébergement des personnes à la rue sonnent comme une évidence. On ne peut pas envoyer des messages de prévention sur le covid et placer ou maintenir des gens dans des situations de vulnérabilité et d’exposition aux maladies. Il faut d’urgence sortir de l’ambiguïté et de l’hypocrisie ! Un toit, c’est un droit ! Point barre !

Signez ICI la pétition du DAL Montpellier pour un moratoire des loyers, l’arrêt des sanctions à l’encontre des locataires en impayés et contre les expulsions!

Témoignage de Karima, adhérente au DAL/DAL HLM Montpellier:

Hier Nous étions le 11 juillet fin de  la trêve hivernale qui a été repoussé suite à la crise sanitaire que nous avions vécue dernièrement.

Cela veut dire qu’hier dans toute la France beaucoup de familles, personnes seules ou pas vont se retrouver  dehors suite à des impayés de loyer, vente de logements etc…

Toutes ces personnes qui se retrouvent dehors sans même que l’on puisse intervenir avant même de les mettre à la rue pourraient dans un premier temps être suivies par un Service qui serait spécialisé exclusivement  dans ce domaine  que ce soit dans le parc HLM ou pas étudier et comprendre la situation de chacun et de faire valoir leur droit et surtout leur trouver une solution de relogement.

Á cette soirée j’ai rencontré une charmante dame qui s’est retrouvée à la rue parce qu’elle ne payait plus ses loyers car le logement était trop grand pour elle , et ses enfants qui ont grandi étaient partis.

Madame ne percevait plus les aides au vu de sa situation et n’avait pas de travail(recherche d’emploi) ,elle a sollicité auprès de l’organisme HLM dont elle était locataire très longtemps un logement plus petit et moins cher en expliquant qu’elle ne pouvait plus supporter à payer la somme demandé chaque mois. Malheureusement  sa demande n’a pas été vraiment prise  en compte puisqu’elle s’est retrouvée à la rue!

Si on avait étudié sa demande ,qu’elle aurait été écoutée,et que l’on lui aurait attribué un logement plus petit et moins cher,elle ne se serait pas retrouvée dehors au jour d’aujourd’hui. Il y’a beaucoup de cas comme celui-ci et je trouve regrettable que des familles avec enfants se retrouvent dehors pour un manque de prise en compte d’écoute.

Beaucoup de personnes se retrouvent  dans un grand logement et souhaitent avoir un logement plus petit il faut très vite agir à cela.

Au pied de cet immeuble la résidence du lac se trouve  également une famille avec 4 enfants est en vue d’expulsion sans relogement!”