COMMUNIQUE
Paris le 11 décembre 2017
Lutte contre les marchands de sommeil en Ile-de-France :
Et leurs victimes ?
Le CR IdF réunit aujourd’hui des élus d’Ile-de-France pour présenter des mesures de lutte contre les marchands de sommeil, dans un contexte de crise grave du logement entretenant leur commerce.
Celui-ci prend la forme habituelle de la location à des personnes vulnérables de logements insalubres, impropres à l’habitation ou en péril, situés dans les centres anciens, dans les immeubles dégradés ou dans les chambres de bonne.
Mais depuis quelques années, il se développe dans les banlieues sous la forme de location de logements dans les immeubles collectifs ou de pavillons à plusieurs ménages et familles qui ne trouvent pas d’autre solution pour se loger. Il s’agit donc de locations à la découpe, illégales.
Droit Au Logement a pris connaissance du rapport de M. Geoffroy DIDIER sur ce sujet et constate :
– Que le rapport vise à durcir les sanctions contre les marchands de sommeil, ce qui est une constante des lois sur le logement depuis bientôt 20 ans.
– Qu’il ne prévoit pas de mesures pour mieux protéger les locataires de ces logements, contre les menaces, le harcèlement, les violences et l’expulsion illégale, méthodes habituelles qu’emploient les marchands de sommeil pour décourager leur victime de porter plainte et de faire valoir ses droits.
– Qu’il ne prévoit pas non plus d’accélérer les procédures de traitement de l’insalubrité permettant ainsi aux victimes de cesser de payer leur loyer au marchand de sommeil et d’être relogés.
– Qu’il ne propose pas de mesure pour lutter contre la crise du logement et le logement cher, terreau des marchands de sommeil, car il s’oppose à généraliser l’encadrement des loyers, protégeant ainsi la spéculation immobilière et la rente locative.
– Que le Conseil Régional Ile-de-France au nom d’un prétendu rééquilibrage social a pris des mesures pour réduire la construction de logements très sociaux, impactant d’autant les moyens de reloger les victimes des marchands de sommeil.
– Qu’il privilégie manifestement les aides à l’accession à la propriété, et au financement des PLI grevant d’autant les financements du logement social déjà sacrifiés par le gouvernement.
– Que la proposition de créer un répertoire des logements est tout de même une bonne mesure, qu’il faudrait étendre à l’ensemble du parc locatif.
Droit Au logement constate donc que cette campagne vise plutôt à répondre aux maires des communes pavillonnaires, qui voient avec inquiétude arriver dans les quartiers protégés de leurs électeurs des populations jugées indésirables.
En tout les cas, il ne se préoccupe ni des droits des victimes, ni des moyens de remédier à la crise du logement et au logement cher, seules pistes sérieuses pour couper l’herbe sous les pieds des marchands de sommeil.
Droit Au Logement demande au Conseil Régional Ile de France :
– De prévoir des mesures pour protéger les droits des victimes des marchands de sommeil, et pour les reloger.
– De soutenir la mise en place de l’encadrement des loyers dans toute l’agglomération, des mesures contre la spéculation immobilière et ses conséquences : expulsion, sans abrisme, mal logement, paupérisation des locataires modestes …
– De rétablir et d’augmenter le financement des logements très sociaux dans toutes les communes pour reloger les victimes, par exemple sur les terrains des lycées destinés à la construction.
– De mobiliser ses locaux vacants pour les sans abris.
– De rétablir ou maintenir les subventions aux associations de défense des droits, mais aussi de rétablir les aides aux transport en commun pour les migrants.
Un toit c’est un Droit !