Valérie, nous avons changé le prénom, est une jeune femme de 27 ans qui a deux enfants un de 11 mois qui vit avec elle et un de 7 ans qui vit, jusqu’à ce que sa situation s’améliore, chez ses ex beaux parents. Depuis plus d’un mois et demi, elle couche tous les soir au CHUS (Centre d’Hébergement d’Urgence Simple ou 115). Ce qui est évidemment un grave manquement à la loi qui oblige les institutions à « orienter [les personnes accueillies dans les CHUS] vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation » (Article L 345 2- 3 du Code de l’action sociale et des familles).
Mercredi soir 11 juillet, Valérie est venue à l’une des réunions du DAL86. Comme le CHUS ne sert pas de repas (ce qui est un autre manquement à la loi qui stipule que toute personne sans abri accueillie a droit au couvert), nous lui avons proposé de manger avec nous. Elle a d’abord refusé disant qu’elle devait rentrer impérativement à 21h. Devant notre insistance, elle a quand même accepté et est arrivée au CHUS, tout près du lieu de la réunion, juste avant 21h. Le concierge a fait une crise d’autorité, lui a dit qu’elle était en retard et de rappeler le 115 à 21h30, la laissant une demie heure sur le trottoir avec son enfant de 11 mois dans l’incertitude d’avoir un toit pour coucher. Elle nous a appelé en pleurs et quelqu’un d’entre nous a décidé de l’héberger pour la nuit.
Devant cette situation inacceptable, nous sommes allés le lendemain matin directement à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Nous avons obtenu assez rapidement une prise en charge en urgence d’une nuit à l’hôtel. Mais le lendemain lorsque nous y sommes revenus, nous avons dû déchanter. l’ASE nous asemblé ne se préoccuper que des déficiences des parents, ignorant par là les manquement du système, ce qui l’a conduit à ne pas respecter l’article L 221-1 du Code de l’action sociale et des familles : « Sont pris en charge par le service de l’aide sociale à l’enfance sur décision du président du conseil général :[…] 4° Les femmes enceintes et les mères isolées avec leurs enfants de moins de trois ans qui ont besoin d’un soutien matériel et psychologique. Ces dispositions ne font pas obstacle à ce que les établissements ou services qui accueillent ces femmes organisent des dispositifs visant à préserver ou à restaurer des relations avec le père de l’enfant, lorsque celles-ci sont conformes à l’intérêt de celui-ci ».Valérie a dû retourner au CHUS car elle a été menacée de signalement au procureur si elle ne le faisait pas.
Mardi 17 juillet le dossier de demande d’un hébergement de Valérie est passé au SIAO (Services Intégrés d’Accueil et d’Orientation). Elle en a obtenu un à l’ESP (Entraide Sociale Poitevine) et téléphonait dès le lendemain pour avoir un rendez-vous. La personne qu’elle a eu lui a dit qu’elle n’avait pas son dossier et qu’elle la rappellerait. Comme elle n’avait toujours pas repris contact le vendredi matin suivant, Valérie aidée d’une Assistante sociale, l’a rappelé. Toujours pas de premier rendez-vous ! Enfin, la personne de l’ESP lui a retéléphoné dans l’après-midi pour lui donner un rendez vous… le vendredi suivant soit le 27 juillet.
De qui se moque-t-on ? Dans la Nouvelle République du 3 avril dernier « la mairie de Poitiers maintenait qu’il n’y a pas de problème de prise en charge [des personnes sans logis] ». Une jeune mère de famille vit en accueil d’urgence avec son fils de 11 mois et étant séparée de ce fait du second, depuis 1 mois et demi ET le règlement du CHUS est appliqué avec zèle voire abus au point de la laisser à 20h58 sur le trottoir avec son enfant de 11 mois durant une demie heure, ET l’ASE, malgré que les textes l’y oblige, refuse de la prendre en charge elle et ses deux enfants, ET l’Entraide Sociale Poitevine met 9 jours pour lui fixer un premier rendez-vous, ET elle ne sait pas encore aujourd’hui combien de temps après ce premier rendez-vous il faudra pour qu’elle quitte enfin le CHUS et ait un hébergement, ET ce n’est pas un problème !
DAL86 exige :
– Que Valérie obtiennent un hébergement, puis un logement dans les plus brefs délais ;
– Que les institutions respectent les lois en vigueur et qu’elles arrêtent de se renvoyer la balle ;
– Qu’elles traitent les situations d’urgences en urgence ;
– Qu’elles arrêtent de se défausser de leurs transgressions des lois sur les victimes mêmes de leurs agissements.
Un toit c’est un droit !